AI Content Chat (Beta) logo

PENDUS ET TIONS ET PENDUS À propos TIONS INCARNA ///// NCARNA des grands monochromes ///// COHEN VID COHEN VID DA de David Cohen. DA *Southern trees bear a strange fruit Blood on the leaves and blood at the root Par Jean-François Rabain Black body swinging in the Southern breeze Neuropsychiatre et pédopsychiatre Strange fruit hanging from the poplar trees Les arbres du Sud portent un étrange fruit, Du sang sur les feuilles et du sang aux racines, Un corps noir qui se balance dans la brise du Sud, On entend des bruissements, des crissements au milieu de fragments de corps, d’ossements Étrange fruit suspendu aux peupliers. Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, de pas sur les feuilles jaunies, jonchant le sol ou de débris qui apparaissent dans d’autres par temps d’automne. On est à la fois hors et œuvres évoquant la Ballade des pendus de Pastoral scene of the gallant South, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : The bulging eyes and the twisted mouth, Rêveur, j’en sentirai la fraicheur à mes pieds. dans le tableau. les couleurs nous appellent, François Villon ? « Frères humains qui après nous envahissent et nous voilà transportés nous vivez, n’ayez les cœurs contre nous Scent of magnolia sweet and fresh, Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Then the sudden smell of burning lfesh! dans l’autre monde, celui des souvenirs, endurcis....Quand à la chair, que trop avons Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : des sensations que nous croyions oubliées. nourrie, elle est piéça (depuis longtemps) Scène pastorale du valeureux Sud, dévorée et pourrie. Et nous les os devenons Mais l’amour inifni me montera dans l’âme, Feuilles d’automne. Soleils couchants. Sanglots longs, berçant mon cœur d’une cendre et poudre... ». Les yeux exorbités et la bouche tordue, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Parfum de magnolia doux et frais, Par la Nature, - heureux comme avec une femme. langueur monotone... les formes s’agitent, Puis l’odeur soudaine de chair brûlée ! loin de nous, hors de nous, mais les couleurs La Ballade des pendus nous renvoie aux Sensation les rassemblent, donnant leur force et leur corps humains jetés à la rigueur des éléments, Here is fruit for the crows to pluck, soleil, pluie et vent, qui par leur acharnement Arthur Rimbaud sens aux éléments disjoints. De grandes For the rain to gather, for the wind to suck, les torturent. « la pluie nous a lessivés et monochromies jaunes ou de lumière noire For the sun to rot, for the trees to drop, lavés. Et le soleil, desséchés et noircis... Pies donnent un nouveau parcours, une nouvelle Here is a strange and bitter crop. vie, aux feuilles d’automne qui les constituent. corbeaux, nous ont les yeux crevés... ». Feuilles d’automne emportées par le vent, en ronde monotone tombent en tourbillonnant... C’est un fruit que les corbeaux cueillent, rassemblé par la pluie, aspiré par le vent, Ces même corps, Abel Meeropol, les a D’autres grands tableaux monochromes, au bleu profond, nous transportent dans la nuit, tel des décrits dans cette scène champêtre d’un Sud Pourri par le soleil, laché par les arbres, valeureux, Stange fruit, chanté par Billie C’est là une étrange et amère récolte. Rothko dont l’horizon nous déplace vers l’inifni. Ces tableaux sont des nuits étoilées protégeant notre sommeil. Ils guident nos rêves vers des espaces improbables au fur et à mesure que les bleus Holiday. « les yeux exorbités et la bouche Stange fruit changent de profondeur. La nuit remue, écrit henri Michaux. Quelques traits blancs surgissent tordue....C’est le fruit que les corbeaux cueillent, rassemblé par la pluie, aspiré par le dans l’espace du tableau, étoiles iflantes que rien n’arrête, un peu plus loin des galaxies éclatent en Billie Holiday bulles sur la toile... Voie lactée, ô soeur lumineuse, des blancs ruisseaux de Canaan... Rien de plus vent, pourri par le soleil, lâché par les arbres. vivant qu’un ciel d’été. Rien de plus poétique aussi. les grands monochromes bleus de David Cohen Here is a strange and bitter crop. C’est là une nous emmènent irrésistiblement vers les soirs bleus d’été du poète... étrange et amère récolte »*. Un thème récurrent semble animer ces toiles exposées. Celui de la chair. Non celle resplendissante Mais pourquoi les étoiles n’illuminent-elle pas le ciel ? Et comment expliquer le noir de la nuit ? le ciel nocturne est noir, nous dit la cosmologie moderne, car même si l’Univers est inifni, la lumière des des œuvres classiques, la chair lumineuse des femmes du Titien ou du Tintoret, ni même celle des étoiles les plus lointaines ne nous est pas accessible. corps réalistes, intensiifant le réel, de lucian Freud ou des carcasses d’animaux de Soutine. C’est ici une chair éclatée, dévorée et pourrie, celle de la Ballade des pendus, qui nous renvoie au corps et à sa décomposition. la peinture, cependant, est un art mnémonique, un art qui ifxe l’ombre évanescente, un art qui retient les ombres, en cela iflle de Mnémosyne. On remarque assez vite, en effet, que des matériaux Dans ces toiles, un immense chaos nous saisi. Amas sauvage de tissus, de formes et de couleurs, étranges surgissent au milieu de certains tableaux, des vêtements usés jusqu’à la corde, des tout s’enchevêtre. le schmattès devient corps, rebut, déchet, pourriture. le corps décomposé chiffons, des shmattès. Etranges objets qui ressemblent à des ombres, à des corps qu’ils ont un redevient cendre et poudre. la beauté éphémère du monde disparait. A la place surgit l’insupportable jour entourés, enserrés, réchauffés et qui se retrouvent, là, jetés à l’état de déchet, de rebut. Une du corps, son essence mortelle et putrescible, la charogne de Baudelaire. mémoire du rebut ? Dépouilles d’une enfance jetées là en vrac par l’adolescent rageur ou bien traces d’un passé traversant la nuit obscure, d’un passé qui ne passe pas ? Ces vêtements épars Et pourtant vous serez semblable à cette ordure/ A cette horrible infection / Etoile parcourent l’espace comme à la recherche de corps depuis longtemps disparus. de mes yeux, soleil de ma nature/ Vous, mon ange et ma passion !... Nacht und Nebel. Nuit de l’humanité. Ombres, doublures du monde, pure absence toujours Cette épitaphe de FrançoisVillon, ce mémento mori, qui inspire tant les tableaux de présente, manque qui subsiste et qui nous hante. Quelle est cette part d’ombre ? Spectres, fantômes, doublures de l’invisible, mémoire du monde ? Peut-être ces vêtements se balancent-ils David Cohen, nous invite à célébrer la Vie.

Incarnations & Pendus - Page 7 Incarnations & Pendus Page 6 Page 8