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DOUBLE” “LE CONFÉRENCE CONFÉRENCE ///// “LE DOUBLE” COHEN VID DavidCOHEN DA Professeur de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent Hôpital Pitié-Salpêtrière Université Pierre et Marie Curie, Paris Lerapportàl'autre, à son double - réel ou imaginaire - est, pour l'humain, une question qui traverse la philosophie, l'art, mais également la psychopathologie. A partir d'exemples pris dans ces différents champs, je vous propose une discussion sur ce que la figure du double condense en terme de construction de soi, d'identité, d'attachement, de rapport à l'autre, mais aussi de spiritualité, de désir d'éternité ou plutôt d'immortalité. J'ai choisi de distinguer trois parties dans cet exposé. La première s'attache à décrire le double comme participant à la construction de soi, au sentiment d'identité, à la construction du système du "même". La seconde concerne le double commerapportàsoi,àl'Autre, au temps qui passe. En cela le thème du double pose également la question de la transmis- sion. La dernière partie essaie de montrer comment le double vient également s'inscrire dans certains cas comme destin du désir d'éternité, d'immortalité en tant que trace laissée après la mort, témoin d'une quête de Dieu ou d'autres formes de spiritualité. LEDOUBLECOMMEPARTICIPANTALACONSTRUCTIONDESOI C'est évidemment la question du double spéculaire et, au plan du développement du stade du miroir théorisé par Lacan commeunedesvoies d'accès à la représentation de soi et au symbolique. Au cours de son développement l'enfant se construit volontiers un compagnon imaginaire, véritable double à qui il confère des pouvoirs et qui expérimente ce qui lui fait peur avant l'enfant lui-même. Peter Pan nous en donne un exemple tout à fait paradigmatique dans la littérature pour enfant. On peut se demander si cette perspective n'est pas présente dans les autoportraits, véritables figures de style de très nombreux peintres figuratifs, l'autoportrait réalisant une véritable fonction de double spéculaire et/ou imaginaire. Certains autoportraits de Picasso ou de Rembrandt s'inscrivent clairement dans cette perspective. La psychologie cognitive récente milite également pour une distinction soi- non soi. Certaines recherches ont permis de postuler l'existence d'un système permettant la distinction entre les actions autogénérées et les actions observées. Ainsi, plusieurs expériences en imagerie fonctionnelle ont montré que certaines zones étaient activées aussi bien par l'exécution, la simulation et l'observation de l'action motrice. Ce réseau comporte entre autre l'aire motrice supplémentaire, le cortex prémoteurdorsal,legyrussupramarginal,lelobepariétalsupérieur. L'existence de ce réseau commun d'activation conduit àpostuler l'existence de représentations partagées et l'intervention d'un système de répartition ou attribution des actions à soi ou à autrui : un "who système" (Figure 1). De la même façon les aires du cortex préfrontal dorsal médian s'activent pendant une tache émotionnelle référencée à soi versus une tache référencée à autrui. Dans l’exemple choisi (Figure 2), la tâche consiste à attribuer un trait de personnalité à soi-même si le sujet considère qu'il le caractérise ou à un tiers si le sujet le qualifie comme désirable socialement . Dansl'imaginaire collectif, les vrais jumeaux sont souvent pris en exemple comme paradigmatiques de cette question du double.Pourtantlesétudescomparantledéveloppementdejumeauxmonozygotesversusjumeauxdizygotes,c'est-à-dire vrais et faux jumeaux, ont montré la complexité de cette question. Par exemple, si l'apparence physique des vrais jumeaux est extrêmement proche et très fortement génétiquement déterminée, pour ce qui concerne des traits comportementaux commel'agressivité ou les problèmes de comportement antisociaux, certaines études ont montré que la part d'héritabilité était associée à certaines dimensions commeunfaibledéveloppementdel'empathiealorsqued'autresétaientessentiellement influencées par l'histoire des sujets et leur condition de développement psychosocial . Lorsque le double se répète à l'identique, on en vient à contribuer à nier toute identité, toute individualité. Dans ce cas, le double rejoint la notion de même. De ce point de vue, le travail de Mâkhi Xenakis sur les "folles de la Salpêtrière" est tout àfait paradigmatique. En effet, Louis XIV fit construire l'Hôpital de la Salpêtrière au 17ème siècle et pendant plus de 300 ans les "folles" y seront enfermées, cheveux rasés, en tunique, dans des conditions extrêmement dures organisées autour d'unetemporalité et d'une rythmicité très fortement empreintes de croyances religieuses. Lors d'une performance en 2004 près de 200 sculptures représentant des "folles", véritables figures du même, seront enfermées 15 jours dans la chapelle de la Salpêtrière et libérées deux semaines plus tard dans les jardins. Dans la pathologie psychiatrique, cette question du double identitaire s'inscrit par exemple dans certaines formes de pathologies délirantes. Dans le syndrome de Capgras, ou illusion des doubles, le sujet nie l'identité des personnes, et est habité par la conviction qu’elles sont remplacées par un double qui est un faux à l'allure du même. Dans le syndrome de Frégoli, le sujet croit que son persécuteur se cache derrière le vêtement et l'aspect des personnes familières. Enfin, dans certaines formes de délires schizophréniques, on peut retrouver un dédoublement d'identité. Mais la pathologie psychiatrique n'est pas le seul exemple permettant de révéler cette existence du double identitaire. Ainsi, dans certaines formes d'épilepsie

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